Les femmes dans la politique au Bénin: Quels sont les chiffres clés ?

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Dans la configuration politique  actuelle du Bénin, nous comptons 7 femmes Ministres sur 22 Ministres, 4 femmes Députés sur 83 Députés et 3 femme Maires sur 77 Maires. Qu’en est-il de ces chiffres depuis le DANXOME d’alors jusqu’à la République du Bénin d’aujourd’hui?

Je partage avec vous le RESUME RAPPORT SUR L’HISTOIRE DE LA PARTICIPATION DE LA FEMME à LA VIE POLITIQUE AU BENIN publié en 2012 ( Étude conduite par Marie-Odile ATTANASSO)

Plus de cinquante ans après l’indépendance de 1960, cette étude a pour ambition d’évaluer le rôle des femmes dans la vie politique en les citant nommément. C’est une recherche historique sur le rôle de la femme dans la vie politique. Elle permet de mesurer l’importance de la prise en compte de la dimension genre dans les politiques et programmes de développement et le rôle que devrait jouer le parlement pour que cette approche soit institutionnalisée.
Plusieurs étapes vont marquer la participation de la femme béninoise à la vie politique. De la période avant la colonisation jusqu’à nos jours, sa participation à la vie politique a évolué en dents de scie. Avant la colonisation, elle n’était pas à l’avant-garde, mais elle apportait de toutes manières sa contribution à la construction du pays. Ce fut le cas dans le royaume d’Abomey.
En ce temps, la femme s’affichait très peu, mais un certain nombre de décisions importantes étaient prises avec son concours. L’histoire politique du Bénin mentionne la participation des femmes à la vie publique et politique depuis le 19ème siècle, précisément sous le règne du roi Guézo.
Ainsi les amazones, corps d’armée féminine brave et intrépide ont permis de gagner des guerres et étendre l’hégémonie du royaume de « Danxomè » sur les contrées avoisinantes. Mais cette présence dans la vie politique s’est progressivement réduite à une portion congrue à l’avènement de la colonisation. C’est ainsi qu’on a noté seulement une femme, Madame Poisson, au sein du Conseil Général du Dahomey de 1946 qui comptait 30 membres.
Au lendemain de l’indépendance jusqu’à nos jours, la situation a évolué : les femmes qui ne jouaient que des rôles secondaires d’entretien biologique des militants s’engagent de plus en plus dans la politique et se décident à assumer leur responsabilité. Mais de 1960 à 1972, la politique est devenue tant synonyme de contre-valeurs et de pratiques aliénantes et rebutantes que certaines d’entre elles préfèrent en être exclues. En effet, de 1960 à 1972, 14 régimes politiques se sont succédés en République du Bénin. La dissolution des partis politiques et l’interdiction de leurs activités par les militaires au pouvoir entre 1965 et 1968 coïncident avec la faible participation des femmes à la vie politique.
La situation de la femme s’est améliorée peu à peu après les années 1970. En effet, c’est la création le 14 septembre 1973, du Conseil National de la Révolution (CNR) et de ses instances locales qui a ouvert aux femmes des voies d’accès au pouvoir politique. La naissance de ces instances politiques permet au Bénin d’inscrire dans son histoire, après plus d’une décennie d’indépendance, le déclic le plus significatif à l’émergence des femmes dans la vie politique aux différents échelons.
La Loi Fondamentale de 1977 de la République Populaire du Bénin inscrit à son article 124 pour la première fois au Bénin le principe de l’égalité juridique de l’homme et de la femme. Au cours de la période révolutionnaire, le parti unique au pouvoir a créé des ‘’organisations de masse’’ qui ont également œuvré pour l’émancipation politique des femmes. Ainsi, l’Organisation des Femmes Révolutionnaires du Bénin (OFRB), créée le 23 décembre 1983, a eu comme principale mission d’unir les femmes, de toutes conditions socioprofessionnelles, autour du combat pour leur éducation politique et leur émancipation. Le gouvernement marxiste-léniniste a institué des quotas pour permettre aux femmes, aux artisans, aux enseignants, aux ouvriers, aux paysans, etc., d’avoir des représentants à l’Assemblée Nationale Révolutionnaire (ANR). C’est au cours de la période 1975-1985 que les Nations Unies ont proclamé la « décennie de la femme » et ont organisé en 1975 la première Conférence Mondiale des femmes.
Au cours des trois premières décennies d’indépendance, les partis politiques se sont servis des femmes comme moyens de mobilisation des masses. « Les associations féminines étaient fortement politisées. Elles servaient de porte-parole aux partis politiques et véhiculaient leurs idéaux ». Il faut reconnaître que la période révolutionnaire a contribué à l’émancipation politique des femmes et à l’émergence du combat politique.
A l’ère du renouveau démocratique de 1990, les femmes vont créer des partis politiques. Mais de 1990 à 2003, il n’y a seulement que six femmes qui sont chefs de partis politiques sur les 105 régulièrement enregistrés. Dans aucun des bureaux de parti, la proportion de femme n’atteint 25%, soit une femme sur quatre. C’est seulement au niveau du parti la Renaissance du Bénin, présidée par une femme, qu’environ une femme sur cinq (23,8 %) est membre du bureau. De 2003 à 2007, deux nouveaux partis ont été dirigés par des femmes, soit au total sept (7) partis, sur un total de cent sept (107) régulièrement inscrits au ministère de l’Intérieur entre 1990 et 2007.
Au-delà du nombre de femmes présidentes de partis politiques on peut recenser en 2003 un total de 327 personnes membres des bureaux des partis politiques dont seulement quarante-sept sont des femmes, soit 14,4 %. L’implication des femmes dans la vie politique est donc négligeable. Mais la période de 2006 à 2010 a connu un nouveau dynamisme dans la vie politique. C’est surtout dans le camp de la majorité présidentielle, que les partis vont éclore au rythme de 2 à 3 partis ou associations chaque fin de semaine. Les femmes ne sont pas restées en marge de l’inflation de partis depuis 2006. Toutefois, elles se retrouvent difficilement en grand nombre à l’Assemblée Nationale à cause de leur mauvais positionnement sur les listes électorales, du manque de moyens financiers, de la démagogie et de la mauvaise foi des hommes, puis des calomnies.
Les femmes sont très faiblement représentées dans les instances de prise de décisions nationales et également dans les instances communales et municipales. Cette dernière représentativité a connu une légère augmentation entre les élections communales de 2002 et celles de 2008, faisant croître le nombre de conseillères de 3,66 % en 2002 à 4,60 % en 2008, soit 44 femmes sur 1199 élus en 2002 contre 66 sur 1435 en 2008. Au-delà de ces postes électifs, les femmes se sont retrouvées dans les plus hautes institutions de l’Etat telles que la Cour Constitutionnelle, le Conseil Economique et Social, la Haute Autorité de l’Audiovisuel, la Haute Cour de Justice et la Cour Suprême. Dans ces instances aussi, leur représentativité est remarquablement faible. Au niveau de l’exécutif, la situation n’est pas meilleure. La participation des femmes aux différents gouvernements a évolué en dents de scie avec un niveau plancher de 6,66 % en 1989 et un niveau plafond de 30,76 % en 2011, les proportions variant en fonction de la volonté politique du Chef de l’Etat en exercice. La volonté politique du Chef de l’Etat peut améliorer le nombre de femmes dans l’exécutif mais pas celui des femmes aux postes électifs. A ce niveau, il est important de relever les nombreux facteurs de blocage de la participation des femmes à la vie politique. Ces facteurs vont des facteurs structurels (pesanteurs socioculturelles), intermédiaires, (le faible moyen financier des femmes, leur faible niveau d’instruction) à ceux immédiats (division du travail, travaux de soins non rémunérés, manque de moyen, etc.) ; entravant la prise en compte des femmes à toutes les étapes de sélection par les partis politiques.
Somme toute, on peut affirmer que 50 ans après l’indépendance, qu’il n’y a pas eu une réelle volonté politique de corriger cette inégalité en dépit des recommandations de la VIème Conférence régionale africaine sur les femmes qui propose de veiller à l’application de la recommandation du Conseil Economique et Social des Nations
Unies (ECOSOC). Le rôle de l’Assemblée Nationale est capital pour faire évoluer les indicateurs de participation des femmes à la vie politique à travers la prise de lois favorables aux femmes, lois qui peuvent instituer l’obligation d’instruire la jeune fille jusqu’à un certain niveau. Ces textes peuvent être appuyés de mesures répressives ainsi que d’une loi sur les quotas accompagnés de mesures coercitives.
En définitive, on peut retenir que :
de 1946 à 1960 : les femmes faisaient de la politique pour soutenir leurs époux ou leurs pères. Le premier parti qui va naître dans la colonie du Dahomey en 1946 est l’Union Progressiste du Dahomey ;
de 1960 à 1972, elles ont continué à être membres des partis politiques mais l’instabilité politique a été à la base de la dissolution du Parti Démocratique Dahoméen et a eu pour conséquence une réduction de la participation des femmes à la vie politique ;
de 1972 à 1989 on note l’émergence numérique la plus significative des femmes sur la scène politique aux différents échelons de la vie publique ;
mais entre 1980 et 1989, il y a eu la suppression du système de quota, ce qui a réduit le nombre de femmes aux élections législatives ;
de 1990 à 2006, le renouveau démocratique a induit le multipartisme intégral mais très peu de femmes ont dirigé les nouveaux partis créés ;
c’est seulement en 1995 qu’il a été recensé deux nouveaux partis sur dix dirigés par des femmes ;
la période 2006 à 2011 est caractérisée par une inflation des partis mais aussi par une réduction du nombre de femmes dans l’exécutif.
Dans plusieurs pays africains, la situation politique de la femme est relativement meilleure. On note une volonté politique affichée et inscrite dans les textes de la Constitution soit par l’instauration d’un quota d’au moins 30 % de présence des femmes dans les instances de prise de décisions soit par l’obligation de respecter la parité homme femme. C’est le cas du Rwanda et du Sénégal qui font partie des pays qui ont les meilleurs indicateurs sur le plan international en matière de représentativité des femmes dans les instances de décisions.

Florent SAVOEDA.

A propos TONAGNON

TONAGNON pour dire En Goun Développement est un blog dédié à l'atteinte des Objectifs de Développement Durable. Promu par Florent SAVOEDA, Jeune béninois, passionné des questions de finance, développement durable, citoyenneté et civisme. Assoiffé d'un monde plus juste, où chacun connaît ses droits et devoirs et les respectent. Bref un monde où on a le plaisir de vivre.
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7 commentaires pour Les femmes dans la politique au Bénin: Quels sont les chiffres clés ?

  1. Chiarath M dit :

    Merci Florent de te prononcer sur cette situation. Les femmes sont sous représentées dans les instances de prises de décision politiques et aucune politique de développement ne pourra grandement porter fruit si les femmes sont mises à l’écart.

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    • TONAGNON dit :

      C’est vrai. Il est temps qu’on observe des changements significatifs et je compte sur toi et les autres femmes du ROAJELF, et autres femmes leaders d’autres OSC, ONG, partis politiques, etc, pour booster les choses.

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  2. Chiarath M dit :

    Merci Florent de te prononcer sur cette situation. Les femmes sont sous représentées dans les instances de prises de position politiques et aucune politique de développement ne pourra grandement porter fruit si les femmes sont mises à l’écart.

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  3. SODJINOU Yvette dit :

    bonjour Florent
    merci beaucoup pour la publication principalement moi j’ai aimé surtout quand ça nous concerne

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  4. Satowakou Antoine dit :

    Bonjour Florent,
    Merci pour cette flash sur l’histoire de la politique dans le rang des femmes chez nous. Je crois que les choses évoluent et elles s’interessent de plus en plus à la chose politique. Ca y va de l’interêt du pays.

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